‘Je ne sais pas quoi me mettre, je n’ai rien à me mettre !‘
En voilà une phrase que nous avons toutes prononcée au moins une fois et ce, même si nos armoires, commodes ou penderies regorgent de vêtements !
Qu’elles soient de jour ou de nuit, les pièces de lingerie du dressing féminin sont tout aussi nombreuses et variées que nos vêtements de dessus.
Le vestiaire des sous-vêtements a évolué au fil des siècles. Depuis les bandelettes utilisées par les femmes romaines pour maintenir et dissimuler la poitrine au soutien-gorge push-up des années 90 qui n’était pas pour dissimuler quoique ce soit.
Le corps de la femme a toujours été et reste sans cesse sous le joug des contraintes ou diktats sociales, religieuses et/ou culturelles. Rajoutez à cela la mode et les tendance et l’on obtient une jolie girouette !
Faut-il la suivre ? La réponse appartient à chacune d’entre nous.
Au cours du temps, certains éléments ont disparu du quotidien (comme la culotte fendue, encore utilisée au début du XXeme siècle ou encore la gaine), d’autres sont restées mais le XXeme siècle a connu et s’est enrichi de nombreuses déclinaisons.
A chaque moment de la journée, pour chaque occasion ou événement, une pièce spécifique a été dessinée, conçue.
Une longue histoire
Un seul article ne suffirait pas à présenter les vêtements de dessous, ou alors il serait vraiment très long et indigeste. C’est pourquoi, je vais présenter sous forme de série les différents articles qui constituent le vestiaire féminin.
Vous trouverez les sources qui me permettent de rédiger mes articles à la fin de chaque article. Je ne suis pas historienne du costume, juste très intéressée par l’histoire et le vêtement aussi, je partage avec vous mes découvertes et mes trouvailles.
En aucun, je n’ai la prétention d’apporter un quelconque savoir ou expertise sur le sujet.
Pour cette première partie, je me concentre sur les pièces baleinées. Ce sont ces pièces qui induisent de part leur constitution une certaine rigueur dans le maintien. Elles peuvent être considérées comme des carcans, contraignant le corps de la femme dans une posture mais ce serait trop simpliste et caricaturale de les réduire à des objets de torture.
La qualité de la fabrication, le choix des matières et la finalité souhaitée font que ces pièces sont plus ou moins confortables.
Une réalisation trop approximative, une recherche excessive de réduction de la taille ou une mauvaise adaptation au corps auquel il est destiné le rendent effectivement terrible à porter.
Aujourd’hui, choisir de porter de tels articles implique que l’on accepte de ressentir ce maintien qui donne une certaine allure.
Le mot ‘corset‘ est apparu au XIIème mais désignait une pièce de vêtement qui lui remontait bien avant le XIIème. A noter qu’il était porté par les hommes, qu’il recouvrait et protégeait le haut du corps, des épaules aux hanches.
L’ancêtre du corset comme nous le connaissons serait plutôt le corps piqué.
Tout droit d’Espagne
A l’origine du corset était donc le corps piqué, apparu en France au XVI siècle, il vient de la cours d’Espagne.
Il se portait sur la chemise (vêtement de corps à cette époque) mais sous la robe.
Le corps piqué était composé de différentes épaisseurs de tissu, plus ou moins raides. La rigidité était obtenu par des lignes de surpiqures nombreuses et serrées – je n’ose imaginer le travail quand on garde en tête que la machine à coudre n’existait pas.
Cette pièce était portée par la haute noblesse. Il répondait à l’image de droiture morale et religieuse que se devait d’avoir tout membre de la noblesse qui se respecte. C’est pour cela qu’il s’est rapidement répandu dans les cours européennes.
Corps piqué conservé à Munich, datant de la fin du XVIe siècle et ayant appartenu à Dorothea Sabina Von Neubourg.
Sur la photo, les lignes de piqures sont bien visibles. On remarque aussi que la poitrine, bien que n’ayant pas de surpiqures n’a pas d’espace prévu.
Au centre du tableau, Elisabeth Iere d’Angleterre. Les femmes ont la silhouette reconnaissable en forme de cône donnée par le corps piqué.
Tableau de Robert Pique le Vieux -1600
Comme tout ce que possède, porte ou fait la haute noblesse, cela va être repris par la bourgoisie puis se diffuser à travers toute la société.
Le corps piqué va connaître des modifications pour s’adapter à son nouveau ‘public’ qui n’a pas les mêmes activités ni les mêmes moyens. De plus, le vestiaire était plus ou moins réglementé dans la mesure où il permettait de distinguer socialement l’appartenance de chacun. Des matières, des couleurs étaient acceptées selon que l’on était noble, bourgeois ou paysan.
Les femmes du peuple vont porter un corps moins rigide, aux surpiqures moins nombreuses pour leur permettre de travailler aux champs et de mener leur quotidien.
Moins les personnes étaient hautes sur l’échelle sociale plus le corps était ‘libre’ de ses mouvements (même si comparé à aujourd’hui cette liberté est relative).
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Dans le prochain article j’aborderai plus précisément le corset en lui-même.
Sources :
Pour la rédaction de cet article, je me suis documenté à travers des ouvrages et des ressources internet dont vous trouverez les références ci-dessous
Livres :
Histoires des Modes et du Vêtement sous la direction de Denis Bruna et Chloé Demey – Ed Textuel
Corset de Hubert Barrère et Charles-Arthur Boyer – Ed Rouergue
Sources internet :
Transformationsphysiques.wordpress.com
Historique de la Contrainte du Buste de la Femme de l’Antiquité au XXème siècle – Clarisse Petot